LES EXPONENTIALISTES DE LA BIBLE - ACCEPTER QUI TU N’ES PAS (JONATHAN)
17 juin, 2020
Écrit par: Luc Dumont
Peux-tu t’imaginer pendant un instant que tu es le premier né du souverain de ton pays, ton père est le roi de la nation, que ta réputation de guerrier soit telle que l’on dise de toi que tu es plus rapide qu’un aigle et plus fort qu’un lion et qu’enfin toi et ton porteur d’armes avez à vous deux battu 20 soldats philistins lors d’un combat inégal ? Tu penserais évidemment que c’est à toi que revient le titre du prochain roi. Tu pourrais même te comporter aujourd’hui comme un roi et le proclamer haut et fort à ton entourage.
Pourtant, Jonathan, fils du roi Saül ne se comporte pas de cette manière. Il sait lorsqu’il rencontre le jeune tueur de géants, David, que ce dernier a reçu l’appel, l’étoffe et la destinée de prendre le trône.
Nous aurions pu croire selon l’histoire du leadership classique que Jonathan concurrencerait David et essaierait même de l’éliminer. Par ailleurs, son propre père Saül veut le faire à cause de sa jalousie et son insécurité. Ça aurait donc été un jeu d’enfant pour Jonathan d’écarter de sa route ce jeune prodige. Pourtant il ne le fait pas.
Au contraire, il se lie d’amitié avec celui qui prend sa place légitime. Pour lui prouver sa loyauté, il lui offre son propre manteau, symbole extrêmement puissant dans l’Ancien-Testament. Le transfert de manteau signifie le transfert de pouvoir, d’onction, de statut à l’instar du grand prophète Élie qui transfère son manteau sur Élisée, son successeur.
De cette façon, en donnant son manteau à David, il lui dit : je renonce à la royauté, c’est à toi qu’elle revient. Il lui donne aussi son épée, déclarant ainsi : « je ne te ferai jamais de mal. Je suis un guerrier capable de tuer, mais toi David tu es le futur roi, je t’offre ainsi allégeance. » Alors que le roi Saül, dans son incontrôlable jalousie envers David, essaie de le tuer, Jonathan prend sa défense et fait tout pour encourager David dans cette injuste épreuve.
Jonathan fait quelque chose de très difficile et qui est de plus en plus rare de nos jours. Il accepte, en effet, ce qu’il n’est pas. Il comprend comme le dit si bien John Maxwell, le célèbre enseignant en leadership : le leadership, ce n’est pas un titre, c’est l’influence. Il entend certainement la foule après la mort de Goliath scander dans les rues : « Saül a tué ses mille, mais David a tué ses dix mille ».
Accepter ce que je ne suis pas veut dire : renoncer parfois à nos rêves utopiques.
Jonathan a reconnu l’influence de David sur la nation, le courage phénoménal de ce jeune héros et la faveur de Dieu sur sa vie. Il a donc compris, ce jour-là, que le prochain roi de la nation ne serait pas lui, même si le titre lui revenait, mais que ce jeune influenceur, fils d’un inconnu le serait. Il a accepté à 100 % ce qu’il ne serait pas. Pourtant, il a été lui-même un champion. Il connait son identité à un point tel qu’il accepte de ne pas être le numéro un.
Le message pour toi et moi est très fort. Accepter ce que je ne suis pas veut dire : renoncer parfois à nos rêves utopiques.
Tu veux être le PDG d’une entreprise, mais sois honnête avec toi-même, tu ne supportes pas la pression, et le poids incessant du personnel t’épuise. Tu reconnais ne pas avoir été prédéterminé pour ce genre de travail. Tu aimerais être une chanteuse professionnelle, mais la vérité qui fait parfois mal, c’est qu’après des années de cours et de formation, tu n’arrives pas à avoir le niveau. Tu peux être une excellente professeure de chant, une choriste dans un groupe, chanter dans ton église locale et être une grande bénédiction, mais tu cesses de poursuivre cette utopie, car tu as compris qui tu n’es pas.
Ce genre de réalisation qui peut faire souffrir, celle de ce que nous ne sommes pas, ouvre la porte à qui nous sommes vraiment ; le processus d’exponentialisation de notre destinée peut tout à coup prendre place.
Cette humilité et prise de conscience de Jonathan amène la bénédiction sur sa descendance. Après sa mort pendant la guerre, David qui succède au trône aurait pu comme la coutume de l’époque éliminer les compétiteurs, c’est-à-dire, tous ceux de la maison de Saül. Mais David sauve la vie d’un dénommé Mephibosheth, fils de Jonathan. Il prend dans sa maison cet homme handicapé et sans avenir, condamné à la mort ou la pauvreté. Par honneur pour Jonathan, David le fait asseoir chaque jour à la table royale. Quelle histoire formidable !
Alors, la destinée peut se réaliser à son plein potentiel lorsque que j’accepte qui je ne suis pas.
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